Sur le mal

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Déclaration du droit de l’homme : chacun a droit aux moyens de l’apaisement des échanges pour faire son intelligence. Dans cette optique, Beta-Oblique présente une réflexion sur le mal.

Un ami m’a dit au téléphone, après lui avoir détaillé la chose, que ce que j’ai réalisé comme « réponse informatique » exige de l’expertise. J’ai tenté de m’en défendre, mais, au téléphone, et oralement en général, cela est peu réaliste. La forme écrite permet un bien meilleur développement. Grâce à l’Ami, le voici.

On a tendance à penser que telle personne qui réalise avec succès quelque chose doit ce succès à un don qui lui est corrélé. Autrement dit, la chose est normale ; il a fourni l’effort initial et le tout a suivi naturellement ; et moi, qui ne me reconnais pas ces compétences, me situe de l’autre côté de la barrière.

Je me souviendrai toujours de ce qu’un des mes anciens élèves parachutistes, breveté « Science Po Paris » m’a dit il y a maintenant fort longtemps : « Tout le monde pense que j’ai réussi le concours parce que je suis doué. C’est faux. C’est avec la trique et un mal de chien que j’y suis parvenu. » Il a raison. Si certains ont un don, la plupart doivent travailler. Les surdoués qui disparaissent doivent interroger.

Or donc, je me donne d’autant de mal que je ne suis spécialiste de rien. Ou de tout. Je sais aussi qu’on ne peut compter que sur soi. Que l’école ne sert que les esprits reproducteurs. Que l’invention, enfin, nécessite une âme aventureuse bordée de quelques qualités que tous nos ancêtres partageaient : pugnacité et curiosité.

Réussir, c’est réduire un à un les problèmes qui surgissent à mesure de nos avancées. Il faut garder un moral d’acier. Ces mots et expressions sont bavés par beaucoup de milieux et c’est là le défaut : dire suffit pour être pris pour l’exécuteur. Mais il n’y a pas d’éxécuteur. Seulement un juge sans force qui n’a donc aucune idée des implications de ses imprécations.

Il est ainsi facile d’affirmer que rien ne résiste à une ferme volonté. Quelqu’un a eu cette formule « là où il y a une volonté, il y a un chemin ». C’est beau parce que c’est vrai, mais c’est vrai uniquement si l’on veut assez se souiller pour rendre la chose belle. Cette condition en rebute plus d’un de nos jours. On préfère attendre un messie, un surdoué quelconque. Alors que, si nous sommes parvenus à ce haut degré de civilisation, c’est parce que chacun se donnait du mal.

Le chemin ne se fait pas tout seul.