Un mot n’est pas un mot

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Déclaration du droit de l’homme : chacun a droit aux moyens de l’apaisement des échanges pour faire son intelligence. Dans cette optique, Beta-Oblique présente une réflexion sur l’affabulation.

L’invention de mots est intéressante. Prenons l’exemple de « complotiste ». Il s’agit d’un mot qui vise à discréditer. Voyons la chose.

« Journaliste » désigne une profession honorable ; le mot comporte la racine « jour » pour dire que le journaliste expose, après traitement, des informations au public quotidiennement. Un complotiste pourrait désigner, dans la même idée, un journaliste spécialisé dans les complots.

Faisons à présent un aparté sur la notion de complot pour dire que c’est chose tellement normale et courante qu’elle est finalement banale. Qu’il suffise de réfléchir qu’enfant, nous avons tous comploté entre copains et copines ; que toute entreprise se construit par négociations et contrats aux clauses et portées secrètes pour, au premier chef, se protéger d’attaques qui avorteraient l’oeuvre. Une fois la maison en ordre, on ouvre les volets. La transparence est une tromperie.

Prenons enfin un temps pour voir ici que les attaques ont souvent trait à la rumeur, c’est-à-dire, grossièrement, à l’affabulation. Ce qui est en jeu c’est la confiance. Or, « prendre ses désirs pour la réalité » est la base des actions « informatiques ». La croyance se fonde sur ce terreau.

Nous pouvons d’ores et déjà conclure que le complot et l’affabulation se distinguent nettement. L’affabulation est un moyen classique d’attirer l’attention, de la capter et in fine de s’imposer en tant que détenteur de savoir incroyable que les coeurs assoiffés d’émotions veulent rendre réel pour également exister davantage.

C’est par l’exception qu’on tend à exister plus. Ainsi se forment les congrégations. Le journaliste use aussi de la puissance de la fable lorsque le scoop ne veut pas venir. Il le dit lui-même : « nous créons l’information ». Ses abonnés ne sont guère différents dans leur fidélité et leur propension à accepter les dits que toute autre « assemblée informatique ».

On le voit à présent : « complotiste » ressort de la même invention affabulatrice qu’en son temps on qualifia de païens les « gens de pays ».