De la diplomatie oblique

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Déclaration du droit de l’homme : chacun a droit aux moyens de l’apaisement des échanges pour faire son intelligence. Dans cette optique, Beta-Oblique présente une réflexion sur la diplomatie civique.

Tous les ouvrages de Beta-Oblique sont introduits par la formule suivante : « Beta-Oblique, entreprise de diplomatie privée, se prolonge d’une ligne éditoriale cherchant dialogue & profondeur : à la recherche d’un langage commun d’exception. » (Plutôt que « privée », c’est « civique » qu’il aurait fallu écrire.)
Qu’est-ce à dire ? Il nous faut revenir à une certaine vision oblique de la société pour répondre à cela. Et pour commencer, explicitons ce terme d’oblique : loin de traduire un travers dans le registre de l’honnêteté, il veut exprimer une originalité, un regard mis à jour et rafraîchi des fixations. Ainsi, le soldat apprend à décaler son regard d’un certain angle la nuit pour mieux percevoir son centre d’intérêt (c’est là un fait physiologique). Si dès lors nous agissons de cette manière sur la vision des affaires des hommes, nous voyons certaines choses autrement occultées par ce qu’on nomme l’apprivoisement et qui est bien relaté dans la fable du Petit prince de Saint-Exupéry au chapitre du renard. Le normal, l’évident ne le devient plus par effet de saturation ; il faut se décaler pour rendre la chose à nouveau visible et alors peut-on comparer et évaluer, c’est-à-dire faire jouer son intelligence.


Que voit-on ? Entre autres pics informatiques, celui de la discorde apparaît nettement. Ce ne sont plus les points communs qui s’imposent mais les divergences, considérées comme vitales ; tandis qu’alors, la question de vie et de mort se centrait précisément sur le plus grand dénominateur commun afin de faire bloc contre tout le reste. Mais dans un monde apaisé et donc bourgeois (et donc femelle osons-nous ajouter) tout devient objet de rixe faussement critique comme en témoigne la chanson de Dutronc « Fais pas ci, fais pas ça »). La sensibilité n’a pas que des bons côtés et rétorquer « je n’y peux rien » indique justement le point faible : l’incapacité de s’éditer, dirions-nous. La division règne de cette façon au sein même des familles sur ce principe délétère. La cause ? Chacun, à commencer par le plus jeune, le plus inexpérimenté, revendique la fixité de sa vision, sa vérité. Insistons sur le terme « fixe » et le confort qu’il sous-entend. S’ancrer sur une impression ou un port, c’est tout comme. Or, le monde (informatique) est vivant, fluctuant. Prendre ses désirs pour des réalités est le meilleur moyen de prendre les Indes pour l’Amérique. Par la suite, on ne peut que s’étriper pour rien (sinon pour le profit d’aigrefins possédant cette configuration). Définitivement, il faut réaliser qu’une vie d’honnête homme actif suffit à peine pour se placer en bonne navigation. La diplomatie, qui intègre la météorologie des hommes et de leurs sociétés, est cet art qui vient avec l’âge.


Les différences ? il n’y a que cela. Ce sont les possibilités qu’offrent un langage commun qui doivent être chéries et elles sont elles-mêmes rendues possibles par l’expérience commune. Sans expérience, point de valeur. Il est en effet trop facile de dire et de se persuader par le mot. Seul le sacrifice (qui a eu un sexe à travers les âges) importe : ce qu’enseigne la thermodynamique. Alors seulement peut-on parler d’échange véritable.
Nous sommes-nous éloignés de la notion diplomatique ? Au contraire : nous en avons défini le principe, la nécessité et même la condition. Sur cela, Beta-Oblique dit : « Il faut permettre à celui qui a vécu de dire sa cartographie car l’expression de la réalité crée le rapprochement efficace. »