La misomusie à l’assaut de la Culture

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Déclaration du droit de l’homme : chacun a droit aux moyens de l’apaisement des échanges pour faire son intelligence. Dans cette optique, Beta-Oblique présente une réflexion sur la misomusie.

MISOMUSE: Ne pas avoir de sens pour l’art, ce n’est pas grave. On peut ne pas lire Proust, ne pas écouter Schubert, et vivre en paix. Mais le misomuse ne vit pas en paix. Il se sent humilié par l’existence d’une chose qui le dépasse et il la hait. Il existe une misomusie populaire comme il y a un antisémitisme populaire. Les régimes fascistes et communistes savaient en profiter quand ils donnaient la chasse à l’art moderne. Mais il y a la misomusie intellectuelle, sophistiquée : elle se venge sur l’art en l’assujettissant à un but situé au-delà de l’esthétique. La doctrine de l’art engagé: l’art comme moyen d’une politique. Les théoriciens pour qui une œuvre d’art n’est qu’un prétexte pour l’exercice d’une méthode (psychanalytique, sémiologique, sociologique, etc.). La misomusie démocratique: le marché en tant que juge suprême de la valeur esthétique.
Milan Kundera, L’Art du roman

Molière trop complexe, Eschyle raciste, Disney cliché, Homère misogyne… la liste est longue des mises à l’index par le ressentiment et l’esprit philistin.

B.O. œuvre à la promotion de l’intelligence et de l’art à travers la réappropriation par chacun des moyens de produire et de diffuser à une nouvelle échelle.

Le marché du livre est en pleine chute. Les librairies ferment les unes derrières les autres face à la concurrence de plateformes dont la rapidité, la flexibilité et les choix les rendent incontournables. La visite au petit commerce a maintenant quelque chose de l’acte militant ou baroque. Nous entrons dans une boutique pour satisfaire certains besoins, comme le contact avec le gérant, le plaisir des odeurs et du toucher. Pourtant tout cela ne fait pas le poids face à la servitude imposée par les nécessités mercantiles et les limites de temps. Le libraire ploie devant la puissance du marché où tout est disponible de chez soi, peu cher et rapidement. Mais à quel prix? Nous sacrifions une certaine esthétique qui nourrit le choix du lecteur dans le rayonnage. Les cerveaux ne se frottent plus dans un même espace. La rencontre est abolie. Pire, nous laissons aux grandes enseignes le soin de choisir de ce qui est licite et illicite. Certaines retirent de leur site internet des œuvres pour satisfaire à un type de morale jugé sévèrement par Nietzsche.

Devons-nous alors participer à ce grand mouvement monopolistique ou développer de nouvelles formes de diffusion du savoir, libre, participative et sociale ?

B.O. propose à ses amis de réinvestir chacun d’une participation à l’œuvre commune qu’est la Culture.

Bien que nous offrons des moyens de diffusion via notre site internet, nous souhaitons privilégier l’humain dans un objectif clair : redonner vie au livre et au savoir. Il est dans l’air du temps de tenter à rebâtir des ponts en fondant des établissements où les générations concourent à s’enrichir mutuellement par les qualités propres à leurs âges. Ainsi voit-on par exemple des jardins d’enfants accolés à des résidences pour seniors, des foyers accueillir étudiants et personnes âgées, des cours donnés par des retraités à des jeunes en échange de menus travaux. De la même manière, nous pensons que le rôle social de l’aîné est d’accompagner la jeunesse au goût de la culture. Quoi de mieux alors que de faire de chacun un maillon de la culture ? Pour cela le dépôt de livre chez le particulier offre un excellent prétexte pour bâtir de nouveau un maillage culturel.

A B.O. nous pensons que le livre n’est pas qu’un dialogue entre le lecteur et l’auteur. Il est également prétexte à la rencontre, à la discussion et favorise ainsi la transmission du savoir et de la culture.

A l’heure où les sociétés savantes subissent de plein fouet l’impact des réseaux sociaux et de la dégradation de l’essence même du métier de chercheur, notre proposition assure le réinvestissement du rôle social du savant dans la société : transmettre le savoir à tous et ce dans les conditions optimales que sont le dialogue et le goût commun pour l’intelligence.

Notre modèle assure ainsi deux choses essentielles :

  • il favorise l’émergence des moyens nécessaires à l’intelligence.
  • il est libre de toute servitude, dont celles de la bêtise et de la bassesse.